♣ CHILDHOOD ;



Papa n’a pas été gentil aujourd’hui. Je crois que maman a dit quelque chose de pas bien. Je n’ose pas ouvrir mes yeux. Maman me dit toujours de fermer les yeux. J’obéis, parce que j’ai peur. Je serre fort les mains. J’imagine la bu-bulle. Maman a dit que ça marchait et que ça protégeait des méchants qui envahissaient le cœur de papa. Comme ça, je serai toujours une petite fille gentille. C’est maman qui l’a dit, d’abord. Mais cette fois-ci c’est pire. J’entends papa crier. D’habitude il ne crie pas, il donne juste une fessée à maman. Comme il le fait avec moi. J’en ai encore mal aux fesses… Maman dit que ce n’est pas grave, que ça va passer et qu’il ne faut pas pleurer pour quelques bleus : ils passeront. Alors je la crois ma maman, mais j’ai mal quand même. Du coup j’ai pleuré hier soir. Papa n’a pas entendu. Enfin je ne crois pas. Il était de bonne humeur ce matin. Maintenant il est pas gentil. Les méchants sont entrés dans sa tête : maman me l’a dit avant de me placer derrière le fauteuil.

Papa a été gentil aujourd’hui. Je crois qu’il s’est excusé auprès de maman. Elle a sourit parce qu’il a dit je t’aime. Moi aussi je veux un mari comme ça quand j’serai grande. Mais pas quand il crie. Mais c’est à cause des méchants. Sinon j’ai des cadeaux, beaucoup de cadeaux. J’ai eu un ourson en peluche, tout à l’heure. Papa m’a dit qu’il avait coûté une fortune et que je le méritais. Je lui ai fait un gros poutou à mon papa. Il m’a même brossée les cheveux. Mais comme ça l’énervait les nœuds, maman lui a dit de laisser tomber. Les méchants ont pas apprécié et papa a frappé maman. J’ai dû refermer les yeux après mettre prise la brosse sur la tête. J’ai un peu mal, je crois. Papa lance fort, parce qu’il est fort mon papa. Je sens plus ma tête. J’ai les mains toutes rouges et maman crie. Je crois que je ne me sens pas bien, tout à coup. Je n’aime pas vomir mais je sens que ça va venir…

Papa n’a pas été gentil aujourd’hui. Je crois que s’est à cause des médecins. Mais il a dit qu’ils ne pouvaient rien faire, qu’il avait trop d’amis. Et ça c’est vrai, mon papa il a plein de copains ! J’aimerai en avoir autant plus tard. En rentrant maman a allumé une bougie à la vanille. C’est mon parfum préféré, je suis contente. Mais papa est encore en colère. Alors il veut encore la frapper à cause des médecins. Il a pas vu que la bougie était allumée alors il l’a lancée. Moi je savais pas que ça brûlait, si j’avais su, bah j’aurai pas protégé maman. Je contrôle même plus mes hurlements, j’ai juste mal : très mal. Papa veut pas m’emmener à l’hôpital : il dit que les docteurs vont encore le faire c.h.i.e.r. Il a appelé un ami à lui, j’espère que la douleur passera…



Le Docteur est pas content. Parce que j’ai une cicatrice et qu’il n’y a rien d’écrit sur le carnet rose de maman. Elle dit qu’elle ne se rappelle plus. J’ai failli tout dire après deux ans de silence, mais elle m’a fait les gros yeux. Alors j’ai rien dit. Encore.



♣ DECOUVERTE ;


Et puis il arrive un jour où je n’ai pu faire autrement que de regarder. Je m’excuserai bien, maman. Mais je suppose que toi et moi nous sommes quitte à présent : alors oublions cette période de notre vie. Je suis née du bon plaisir de dieu et toi tu n’as jamais eu de fille. Mais pour le bien de cette histoire je dois extérioriser mes démons. Alors oui, j’ai enlevé mes petites mains de mes petits yeux et j’ai observé le quotidien d’une mère riche et bafouée. Non. Papa n’a pas été gentil aujourd’hui : il ne l’a jamais été. Et papa n’était pas contrôlé par des méchants dans sa tête. Papa régissait sa vie, en nous détruisant de bon cœur. C’était un fait. Et celui-ci me fit mal, ce jour-là. Tellement mal que j’en étais en colère : moi aussi, j’étais de mauvaise humeur. Alors la terre se mit à trembler, des centaines de bibelots s’écrasèrent sur le sol. Et pour clore cette jolie histoire : je fus congédiée plutôt que tuée. Merci à mes chers parents.

Enfin, tuée. Je ne sais pas s’il aurait été jusqu’au bout. Sûrement. Ma mère n’a pas bougé le petit doigt pour rien : elle qui ne se défendait pas, ne l’aurait pas fait pour moi si ma vie n’avait pas été en danger. Ou peut-être est-ce dû à mon propre courage à moi : toutes ces années à la protéger, à prendre certains coups à sa place « parce que j’aime ma maman autant que mon papa ». Ce qui est sûr c’est qu’elle ne m’a pas suivie.

♣ LA SUITE ;



Et puis la délivrance. Oui, je crois que c’est le mot le plus important de cette nouvelle existence. D’abord la violence : elle n’existait plus. Les mensonges sont partis, eux aussi. Peu à peu, les bleus ont laissé place à une peau blanche. Seul restait ma cicatrice que je décidais d’embellir avec un tatouage : je n’en avais pas les moyens. Mais qu’importe, c’était plus qu’important. Alors j’ai décidé d’illustrer cette douleur par un papillon. J’étais finalement sortie de mon cocon de douleur pour entrer dans une vie, certes pas jolie, mais plus agréable.

Ce pouvoir : je ne le désirais pas. Je ne le rejetais pas non plus. En fait, je l’appréciais. Dans un certain sens, j’entends. Il me rassurait, m’amenait à comprendre certaines de mes émotions. Je m’étais prise d’amour pour les fleurs, les arbres et tout autre chose « végétale ». Je m’amusais à créer quelques petites choses, des nouveautés aux pays du fleuriste. Mais mon entraînement s’arrêtait là : j’étais trop jeune pour y penser. Je vivais seule depuis quelques mois déjà. La vie n’était pas assez simple pour me permettre de vivre et de me la couler douce. Jusqu’au jour où il entra dans ma vie : l’être ultime.



Oui, c’est un petit surnom amusant. Vous le repérez souvent par ce petit nom. Il m’a sortie de ma merde, de ma terreur. Il m’a appris à avoir confiance en lui, et à me donner corps et âme pour quelqu’un qui ne réclamait rien de moi. C’était un amour gratuit. C’en est encore un.

♣ AVATAR ;
Lyndsy Fonseca

♣ PSEUDO ;
RidiculementVotre

♣ DESTINY ;
Euh... Sur PRD je crois.

♣ VOTRE AVIS ;
Franchement : j'ai flashé. Déjà le design, ensuite le contexte et finalement THE scénario !