Les yeux grands ouverts laissaient place à une iris terne, un teint blafarde et surtout un esprit aux idées loin d’être claire. Blackout total pour al demoiselle qui se demandait ce qu’elle faisait en ce lieu. Tâtonnant maladroitement sa main sur le sol qui avait, à première vue était son lit de la veille, elle fut surprise par l’humidité et la texture par laquelle elle était en contact. Tentant de discerner les alentours, chose qui lui demanda une concentration plus que de raison, elle comprit que la chose moite n’était autre que de l’herbe, et devant elle se trouvait une immense rangée d’arbre ** Une fôret! ** Voilà où l’avait mené sa grande escapade. Hé bien, Cassandra avait vraiment du souci à se faire. Il serait temps de refréner ce genre de petites fiestas et ses rencontres in fortuites ! Non ??

Quelle idée, comme si la jeune Macfly serait du genre à raisonner d’une telle manière, la seule chose qui traversa son esprit à cet instant et un « WAOUH », il ne faut pas en demander trop à une jeune fille qui n’avait aucune idée d’où elle se trouvait, et qui passait sans même regarder la main sur son corps * Bien mes vêtements sont toujours là, c’est déjà ça !*

Se levant avec une grande difficulté, la brunette ne tenait pas vraiment une stature que nous pourrions qualifié de stable, d’ailleurs sa démarche slalomant ne laissait en rien douter de son état. L’on pouvait voir aussi que « vêtement » est un bien grand mot, l’on dirait plus des haillons qu’autre chose. Cassandra était emprise à des tremblements réguliers, marchant sans but précis, l’euphorie n’étant pas éternelle elle subissait une descente assez violente. Déjà trouver une source de chaleur …ensuite, ben ensuite s’enquérir au sujet du lieu où l’on se trouve.

* Je suis en Fr …. Non, non ça c’était y’a deux ans … on est en février …euh … pffffff, et y’a personne, franchement les gens sont d’une inutilité en ce monde ! *

Et voilà, ce que la jeune fille aux activités angéliques ne savait pas – enfin cela avait été effacé de sa mémoire – c’est que lors de sa tentative de rejoindre New York, elle avait été prise en stop par un groupe de jeunes … et évidemment la suite coule de source.
Au bout d’un long moment, elle vit un panneau « Buffalo »

*Depuis quand ils annoncent de cette façon un traversée d’animaux ?* Elle était loin d’être remise du mix qu’elle avait ingurgité, et même deux jours allongée ainsi dans cette forêt n’y changez rien. Elle vait confondu Buffle et ville de Buffalo …

L’on se demandait comment elle pouvait être en vie, ces forêts regorgent pourtant en général d’animal sauvages qui ne rechignent devant aucune proie, et un corps humain s’offrant ainsi aurait été un festin. Peut-être qu’eux aussi ont des limites à ce qu’ils peuvent avaler, et qu’une gamine rachitique qui ressemble à un cadavre périmé leur a fait passer leur chemin.

Certes elle avait besoin d’une bonne douche, et aussi de quoi se remplir l’estomac mais à ce rythme, on retrouverait juste un corps sans âme sur le long d’une route sans fin.

Cassandra sentait une corruption envahir l’air, plus exactement, elle s’imaginait d’un seul coup plus en sécurité en s’éloignant du sentier. D’une certaine façon, c’était pas illogique après tout on avait plus de chances de croiser une voiture avec un vieux pervers esseulé que de le croiser dans la forêt. N’est-ce pas?

Bon, il va de soi que s’enfoncer dans une forêt sans prendre le temps de s’orienter et ne pas suivre une trajectoire précise était stupide, il va de soi aussi que s’éloigner pour fuir toute rencontre fortuite et héler comme si on avait le diable au corps était peu malin. Et pourtant Cass avait fait d’une pierre deux coups.

Après avoir slalomait car il était si difficile de marcher droit, d’une voix fluette

« He ho! Y’a du peuple ?! »

Entendant un bruit de feuilles froissés, la jeune fille fut satisfaite de la vitesse à laquelle une compagnie était venue à elle, ce n’est qu’après quelques sesondes [ça peut être très long selon la situation] de réflexion qu’elle poussa un cri strident. Cette venue n’était pas amicale, et elle faisait face à un ours. Bon, la réaction ne fut pas immédiate, car la première réaction de la demoiselle fut de se croire face à un nounours géant … quand elle comprit, elle s’époumona. Que pouvait-elle faire d’autre?

Elle en avait de la chance, car alors qu’elle s’imaginait finir en charpie il n’en était rien. Etrangement, l’ours ne passa pas à l’attaque mais ne dévia aucunement le regard de la jeune fille. Peut-être était ce car à présent la demoiselle n’émettait plus aucun son, même sa respiration était silencieuse, ou encore peut-être que cet animal venait juste de découvrir l’existence des « humains ». C’était rare, le genre de personne qui sortaient ne serait-ce que pour chercher le nécessaire de survie. Ce monde était assez chaotique, et même les lieux de rassemblement étaient très limités. L’animal sauvage scrutait donc cet être à la forme étrange, grognant … il semblerait que son instinct était dans ses gènes et qu’il n’avait pas de doute sur le fait que devant lui se trouvait une nourriture certes inconnue jusque là mais les animaux n’avaient pas le luxe de faire des manières.

L’atmosphère brumeuse naissant, Cassandra devait faire un effort de concentration plus intense. Plissant les yeux, afin de mieux percevoir elle pensa un bref moment qu’elle avait été victime d’une brève hallucination … mais le cri rageur la ramena de nouveau à la réalité.

Alors c’est ainsi que tout se finirait, seule sans personne pour lui venir en aide. D’ailleurs elle mourrait comme elle a vécue, sans réel soutien. Le dernier soupir se ferait en une solitude mêlée d’une mélancolie. Le plus triste c’est que personne n’allait s’enquérir de sa disparition. Elle n’était rien, juste une personne dans un état civil tout simplement. Elle se dressait, effrayée mais présentait toujours ce regard si particulier. Un regard bien vivant qui s’opposer au reste de son corps morne. Il pouvait même être interprétait comme un défi, enfin si un animal était en mesure de voir les diverses nuances composantes de la panel de l’attitude humaine.

Les yeux ouverts, cette longue promenade elle l’a ferai en toute conscience, à quoi bon fuir devant l’inévitable. Elle se résigna donc, et cette transcendance des émotions c’est fait en moins d’une minute. C’est dingue, comment en une minute tout peut basculer, évoluer. Et voici plus de 100 kilos de chair qui s’élançaient sur le maigre repas.

Elle aurait ou voir sa vie défilait sous ses yeux, maudire sa triste existence, ou encore évoquer ses regrets ou même ce qu’elle aurait ou faire. Il n’en était rien. Cassandra avait toujours su que tout avait une fin. Tout se défaisait un jour … sa lucidité dans un tel moment était déconcertant, enfin lucidité était peut-être pas le mot adéquate. Puisque la jolie chantonnait sans même sans rendre compte.

«Me voici devenue Enfant d’Orphée»

Une âme qui avait cessait de désirer, un esprit qui n’avait plus d’espérance. Voici la réaction d’une jeune fille brisée qui s’abandonnait totalement. Aucune larme ne s’écoule, après tout pour pleurer encore faut il ressentir la tristesse de quitter ce monde, or pour être envahi d’un tel sentiment il faudrait une chose qui nous retienne ici. Qu’avait-elle? Certes elle était une sorte de vamp, hypnotisant les inconnus qui ne se privait pas de faire d’elle, leur reine d’une nuit … mais et ensuite? Est-ce donc cela la vie? Est-ce que cette vie de dépravée qu’elle ne regrettait aucunement méritait même une seule larme. D’ailleurs, elle était même emprise d’une allégresse et ne put se retenir d’émettre un rire sonore.

Une compagnie certes non désirée [mais néanmoins agréable] venait d’arriver promptement, voilà que la pluie s’était incrustée avec fracas. Tout laissait croire à une scène horrifique, à croire que si il y avait un être là-haut ce dernier aimait les ironies tragiques de situations. A croire que si il existait un Dieu omnipotent, il s’amusait de façon à ce qu’un humain lambda perde toute foi. Jouant avec malice et sadisme et créant des scènes où la torture psychologique serait à son apogée. Ne serait il pas plus simple que de faire en sorte, que cet ours s’élance et en finisse d’un coup de patte ? Evidemment, mais Cassandra n’était certainement pas une fervente croyante ! Enfin, il arrive des situations ou même le plus grand des athées se demande pourquoi si un tel être existe, il ne fait rien pour mettre fin au supplice ? Pourquoi il ne s’impose pas en sauveur ? etc pas besoin de continuer, on aura compris ce que beaucoup pouvaient se demander face à une telle situation. Quant à Cassy non pas qu’elle ne se posait pas de questions mais elles étaient toutes autres, en effet, pour elle si jamais il y avait un être surpuissant guidant les cieux il serait le responsable, cela serait sa volonté. Après tout il aurait un pouvoir illimité, alors pourquoi se priver de ces minis jeux ? Déjà peu avaient une telle réflexion, mais parmi ceux ayant eu de telles idées très rares sont ceux à qui cela provoque un amusement.

[…]

Sans comprendre pourquoi à la pluie se mêlait des larmes, ni la peur ni la tristesse n’étaient responsables de cet état. Cela était si soudain, rien ne laissait présager que le calme allait laissait place à une colère de la demoiselle. Envahie par la rage, les larmes étaient le symbolisme même de la colère qu’elle ressentait. Son « lunatisme » n’avait vraiment pas de limites … Ses émotions se succédaient sans réel lien, en tout cas d’un point de vue externe. Car dans la caboche de la brune, tout ceci n’avait rien d’irrationnel. Elle est en droit d’être dans un état qui surpassait l’énervement Pour elle, tout ceci représentait en une certaine façon un florilège d’évènement qui la conduirait à sa fin ! Mais où est l’éclat naissant ? Où son les fleurs virevoltantes ? Où est donc le drap d’un blanc nacré l’emmitouflant ? Comment une reine telle qu’elle qui soumet les gens à tout ses désirs pouvait-elle finir dans cette boue face à un ours sauvage incapable de charger !?

C’est dans ce sombre désert que Miss Mac Fly frappa du poing vers l’arbre qui était à sa proximité, tambourinant avec une certaine vigueur. Elle s’écorcha les phalanges, une rivière rouge s’écoulant le long de ses doigts.

*L’odeur du sang devrait te faire réagir *

- "R-E-G-A-R-D-E !" montrant ses mains ensanglantées, c’est dans un dernier effort qu’elle donna un coup ultime sur l’arbre, peinée que l’ours joue encore au jeu de l’immobilité. Mais ce dernier coup fut si violent qu’au mieux il fêla le poignet de la fille, elle ne put comprimer le cri de douleur qui s’échappa de sa bouche de façon si aigu que l’animal se décida donc à prendre l’adolescente pour cible et à l’attaquer.

Geste certes typiquement humain bien qu’inutile, Cassandra mit son avant bras devant son visage comme si cela pouvait éviter l’action qui allait se produire. Elle l’avait cherché, elle avait provoqué cet évènement mais elle ne pouvait s’abstenir de ressentir la crainte. Ainsi se finassait l’histoire de sa vie et rien ne pourrait changer cet état de fait.