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 » a taste of Paradise. {R. Dust}

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Ewan J. Klein
Ewan J. Klein
« le monde n'a pas changé, il est devenu plus complexe »



« PAPIER D'IDENTITEE »


» a taste of Paradise. {R. Dust} Infos_10
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MessageSujet: » a taste of Paradise. {R. Dust}   » a taste of Paradise. {R. Dust} Icon_minitimeLun 27 Juin - 0:06

    Il avait toujours désiré, du bout des doigts, caresser le papillon qu’elle portait sur la nuque. Son regard avait été attiré par la tâche de couleur peu de temps après leur rencontre, et il avait conçu pour ce petit bout de chair coloré une étrange fascination. En temps normal, il se moquait des tatouages… mais celui-ci avait une signification, une importance. Il le sentait rien qu’en l’observant. Elle n’avait pas décidé de se le faire un beau matin de mai parce que cela lui semblait être une bonne idée, elle avait mûrement réfléchi avant d’opter pour ce petit animal aux ailes déployées. La première explication à ce choix était évidente : la chenille, l’horrible et répugnante chenille, qui se transforme en quelque chose de magnifique, un papillon doté de belles teintes chatoyantes et capable de voler aussi haut que les oiseaux. Le changement de vie, d’apparence aussi. Un nouveau départ, c’était certainement pour cela qu’elle avait opté pour ce tatouage. Longtemps, sa vie n’avait été que douleur et ténèbres, elle ne lui avait pas clairement avoué mais il le savait parce qu’il avait vécu de cette façon pendant trop de semaines. Elle, il ignorait si cette torture mentale et physique se comptait en jours, en semaines, en mois ou en années. Tout ce qu’il avait compris, et ce très rapidement, c’est qu’elle avait trop souffert pour le peu d’années qu’elle avait vécu. Seize ans à peine et déjà le regard d’une écorchée vive. Ce regard vivant mais empli d’une souffrance latente, il l’avait senti se poser sur lui quelques mois plus tôt, dans une ruelle déserte et sombre. Qu’est-ce qui avait attiré la jeune fille ce soir-là ? Il ne lui avait jamais posé la question.

    « Dust ? C’est moi. J’aimerais te voir. On se rejoint au Bronx… Inutile de préciser où, je pense. Je t’attendrais une heure. J’espère que tu viendras. » Bip. Il rappelle dans la foulée, tombant une nouvelle fois sur la messagerie de l’adolescente. « Tu me manques. »

    Ces quelques mots murmurés, il raccroche son téléphone, le glisse dans la poche arrière de son jean et se met en route. Au-dessus de lui, le ciel gronde un peu trop à son goût. On lui a certifié qu’il ne pleuvrait pas, et pourtant il en doute. Il ne craint néanmoins pas la pluie, juste que le fait d’être trempé n’est pas pour lui plaire. Il rabat alors sa capuche sur son crâne, dérobant aux regards curieux son visage et espérant ainsi éviter de se prendre une saucée mémorable. Ses basquets neuves s’usent rapidement sur le béton du trottoir, il fait de longs kilomètres en pensant aux premières fois où ils se sont parlés. Ses souvenirs sont précis, remplis des rires de la Spéciale et de son intense regard chocolat. Elle est belle, jeune. Elle ne devrait pas avoir vécu tant de choses dans sa vie ; ses seules préoccupations devraient être les garçons, les études, le sport peut-être et aussi les derniers films en date. Elle devrait s’inquiéter de choses sans importances comme le rouge à lèvre qu’elle mettra demain soir lors de son rencard, de ce devoir qu’elle tarde à rendre à son professeur. Seulement Disturbia n’est pas une jeune fille comme les autres. Elle est différente.

    « Dust ? C’est encore moi. Je serais bientôt arrivé. N’oublie pas : une heure. » sa voix se veut à la fois réconfortante et suppliante. Il a besoin d’elle, de sa présence et de ses sourires innocents.

    Dust. La poussière en anglais… Cela peut paraître incongru comme surnom, mais selon lui il lui convient tout à fait. Parce qu’elle possède dans l’immensité de son regard brun de petits grains de poussières plus clair, presque gris ou dorés selon la luminosité. Il s’est tant de fois perdu dans ses yeux qu’il a remarqué que la couleur n’était pas uniforme. Encore une particularité qui la rend unique. Il se questionne parfois… quelqu’un d’autre l’a-t-il remarqué, ou bien est-il le seul à savoir à quel point elle ne ressemble à personne d’autre ? Les mains enfoncées dans son sweet-shirt à capuche, il repère le banc où ils passent souvent beaucoup de temps à parler. Pourquoi celui-ci et pas un autre ? C’est ainsi, c’est tout. Dix minutes passent. Il s’inquiète de son absence. Dévoré par l’ennui, il caresse les poils drus de sa barbe qu’il a encore oubliée de raser. Puis le bois fatigué sur lequel il est assis. Ici, quelques dessins sont gravés. Là, une poignée de mots « pour toujours et à jamais ». Le genre de phrase qu’on se dit une fois qu’on est amoureux. Tout nous paraît beau, éternel. Doré et si parfait. Mais ce n’est jamais qu’une mascarade, un voile qui se pose sur nos yeux émerveillés. Soudain, une paire de jambes s’immobilisent dans son champ de vision. Un jean simple, sans prétention. Il relève la tête.

    « Dust ? »
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E. Disturbia Jones
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MessageSujet: Re: » a taste of Paradise. {R. Dust}   » a taste of Paradise. {R. Dust} Icon_minitimeLun 27 Juin - 1:05

» a taste of Paradise. {R. Dust} Stock16
→ EWAN&DUST« a taste of Paradise »


L’attente, et la crainte de ne jamais le voir passer cette fichue porte. Je n’aimais vraiment pas cette sensation. Cette impression qui vous ronge les entrailles, et qui ne s’arrête qu’au dernier moment, qu’au dernier soupir. Pourtant, j’aurai pu m’y habituer. Et même, j’aurai dû m’y habituer. Mais c’est le genre de chose qui ne sera jamais quotidien. On n’oubliera jamais. Mes doigts en frissonnent encore de désespoir. Il avait tenté de me calmer, de m’apaiser. Ca avait marché un temps, jusqu’à son départ. Je lui avais promis de dormir. Mais j’en étais dans l’incapacité totale : alors je m’excuserai en le voyant passer cette fichue porte. Je tournais un instant dans ce lit froid et vide de sens : il n’était jamais vide d’habitude. Insensé, énervant. Je me relève. La couette m’étouffe. Je brûle de nouveau. Mon dos me fait souffrir. Une ancienne flamme renaît. Grignote peu à peu mes chairs. Ma cicatrice me fait souffrir le martyr. J’ouvre les yeux, je pose mes mains contre mon visage. J’étouffe un cri et me met à gigoter dans tous les sens, prise de frénésie et d’impatience. Je mords. Je me mords. Le sang coule. Mon sang coule. J’entends des pas dans l’appartement, ils avancent doucement, prudemment comme pour ne pas me réveiller. C’est ce qu’il fait à chaque fois : mais comme toujours je ne dors pas. Jamais.

Il se blottît dans les draps. Ses mains s’attardent dans ma chevelure. Mon cœur reprend un rythme normal, apaisant. Je murmure des excuses. Je le sens sourire dans mon dos, ses lèvres se portent sur le dessus de ma tête qu’il embrasse. Bouillante, comme d’habitude. Je brûle d’un mal qui me dévore, se délecte de mes peurs les plus secrètes. Je sens un filet d’eau recouvrir ma cicatrice. Je lâche un petit bruit d’extase. Le froid m’amène à oublier la brûlure. Cette fameuse flamme. Je me retourne, place ma tête ensommeillée contre son torse et lui demande une fois de plus « Où étais-tu ? ». Une question qui pourtant n’attendait pas de réponse : j’acceptais ses secrets. J’en avais également. Mes yeux se fermèrent pour de bon cette fois-ci. Je retrouvais le sommeil. Délectation.

Je me réveillais. Le cadran affichait une heure indécente. Je grognais machinalement pour montrer mon mécontentement. Un rire grave secoua ma tête. J’ouvrais un œil, levais légèrement la tête. Mes cheveux ne retombèrent pas sur mes épaules. Je supposais qu’ils étaient emmêlés : ils me faisaient souvent ce coup-là, ces abrutis ! Je tâtonnais aveuglément sous l’oreiller afin de dénicher l’objet de mes désirs : un portable, pardi ! Il vibra au moment même où mes yeux se portèrent sur son écran, un message vocal. Vu l’heure, nul doute quand à l’identité de cette personne. Je me relevais brusquement , soulevais la couette à la recherche de la sortie de ce labyrinthe appelé lit. Midnight me demanda « Pourquoi tant d’empressement ? » mais je ne répondais pas. Je plissais les yeux, et trouvais mon pendentif. Alléluia.

Je fonçais brusquement jusqu’à la salle de bain, et en profitais pour réfléchir sous la douche. J’avais terminé d’écouter le message que m’avait laissée Ewan. J’avais parié sur son nom : j’aurai pu gagner s’il y avait eu parieur. Je me remémorais à présent l’intonation de sa voix, les mots employés volontairement ou involontairement. Je le connaissais depuis peu. Par rapport à Midnight, c’était en effet peu. Et pourtant quelque chose d’étrange nous liait. Une forme de poussière invisible, magique. Passant d’un monde à un autre pour nous trouver. Cette sensation était vraiment agréable, étonnante. Indestructible. Enfin, je supposais. Tout ça pour en revenir à ses paroles. Il n’allait pas bien. Assez bien pour articuler quelques mots. Son « j’espère » ne lui ressemblait pas. Du moins plus autant depuis que nous nous fréquentions. On avait passé le stade du j’espère, on favorisait… L’obligation amicale. Sans vraiment se le dire. Je ne prenais pas la peine de rappeler : il n’attendait qu’une chose ma présence. Et non pas une voix désarticuler par des milliers de fils technologiques.

J’enfilais un jean, un marcel et une chemise par-dessus. Histoire de ne pas attraper froid et de pouvoir marcher le plus rapidement possible sans être encombrée par des froufrous en dentelles. J’enfilais des tennis, avançais jusqu’à l’entrée où un certain monsieur m’attendait, toutes questions dehors. « Faudra me dire un jour où tu vas comme ça. » Je lui répondais que sa véritable intention n’était pas de savoir où mais avec qui. Il rit, m’embrassa sur la joue et me fit promettre de ne pas rentrer trop tard, et surtout de ne pas commettre d’imprudence. Je scrutais son visage pour connaître son degré de sérieux. Il avait un air, physiquement et mentalement j’entends, avec Ewan à ce moment précis. Techniquement ils se ressemblaient énormément. Seul… Leurs attentes étaient différentes. L’un prônait l’esclavage des Hommes. Et l’autre, la réflexion. Enfin, je supposais. Midnight me fit un « coucou » de la main, pour me sortir de mes pensées. Je murmurais un « je suis bête » avant de sortir précipitamment.

Une bonne quinzaine de minutes plus tard, j’arrivais au coin de la rue « du dit rendez-vous ». Je réfléchissais rapidement : j’ai toujours eu du mal avec les retrouvailles, en général. Devais-je le saluer, lui sourire, l’embrasser, l’enlacer ? Il fallait prendre en considération sa situation ? Quelle soit critique ou non. Et finalement, mes sentiments décidèrent à ma place. Arrivée à sa hauteur, je l’enlaçais de toutes mes forces, jusqu’à m’en faire mal. J’essayais de le calmer, de l’apaiser. Peut-être m’étais-je trompée ? Non, impossible.

« Je suis là, Ewan. »

Je ne relâchais pas l’étreinte tout de suite. C’était la première fois. Que je le prenais dans mes bras, que je lui montrais une marque d’affection autre que verbale : j’ai toujours eu peur des contacts physiques avec les hommes. Ewan, par sa détresse, par son franc-jeu, venait de dépasser un cap avec mes craintes les plus profondes. Je continuais sur ma lancé.

« Tu m’as manquée aussi. »

Je desserrais lentement mon étreinte, jusqu’à croiser son regard pour lui poser la question qui me brûlait les lèvres. Je n’osais pas, d’abord. Puis après quelques secondes de silence, d’attente et de regard je me lançais.

« Tu n’avais pas l’air d’aller bien. » J’ajoutais « Au téléphone ».
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